L’histoire de Sancé en anecdotes

La Grisière

Jadis, colline en partie couverte de vignes, la Grisière est aujourd’hui un lieu de promenade, où Mâconnais et Sancéens aiment à venir flâner le dimanche pour « voir Sancé d’en haut ».

Le va et vient des lourds chariots chargés de sables réfractaires mettait à mal les chemins, creusant de profondes ornières. Une légende est d’ailleurs attachée à l’une d’elles, « Le creux mouneux » (patois de Monnet, nom du carrier qui exploitait la concession) sous lequel passait une source. On dit qu’un attelage entier y aurait été englouti. Ce creux, toujours visible, est situé sur la limite des communes de Sennecé et de Sancé.

 Ces dernières années, le paysage de la Grisière a changé. Ce qui était devenu un champ de tir militaire pour les soldats de la caserne Duhesme, a progressivement, entre 1972 et 1985, laissé place à une quarantaine de pavillons. Les carrières de silex ont été remblayées et c’est l’ancien terrain de basket qui occupe aujourd’hui la place. Plus tard un terrain de foot a été aménagé. Les arbres qui l’entourent ont été plantés par chacun des enfants qui composaient les premières équipes de foot.

Les anciens de la commune ont sûrement en mémoire la dernière ferme à avoir résisté à l’urbanisation de la colline. Qui ne se souvient pas, en effet, de Joseph Dubois, personnage haut en couleur, considéré pendant longtemps, comme le maître de la Grisière, au point qu’on lui avait attribué le surnom de Baron de la Grisière. En toute occasion et en tout lieu, on le voyait au volant de son tracteur, son principal moyen de locomotion. Les premiers habitants des lotissements se souviennent sûrement aussi de son troupeau de chèvres, dont on retrouvait les fromages sur quelques bonnes tables mâconnaises, mais qui habitué à brouter en toute liberté, avait fâcheusement tendance à s’inviter dans les jardins fraîchement cultivés.

 

Le tracé de la RD 103 aurait dû passer par le Parc et l’Eglise

Autrefois appelée « Chemin de la Matrone », la RD 103 doit son tracé aux intérêts privés de quelques riverains qui ont cédé du terrain pour qu’elle passe aux Saugeys.

Pendant longtemps, jusqu’en 1861 pour être précis, Lugny était relié à Mâcon par un chemin à peine carrossable, au tracé étroit et capricieux. Arrivé à Sancé, il était seulement bordé à l’entrée sud par des bâtiments appartenant en grande partie au comte de Barbantane, député au corps législatif. Il portait le nom de « Chemin de la Matrone ». Le café et la boulangerie à l’intersection de la rue du Bourg et de la RD 103 ont été construits plus tard, entre 1865 et 1884. L’agglomération de la commune n’est alors constituée que des quartiers de la Roche, de la Besace, du Puits Senailler et de quelques maisons vers l’église.

C’est une lettre du Préfet, en février 1861, qui va soudain tout déclencher, en proposant de classer ce passage en chemin d’intérêt commun, reliant Lugny à Mâcon, en passant par Charbonnières, Sennecé et Sancé. Le Conseil Municipal d’alors considère que le profil tourmenté de ce chemin, dans la traversée de la commune, nécessite l’acquisition de nombreux terrains pour en redresser le tracé, ce qui entraînerait de lourdes dépenses. Un autre tracé plus droit et plus large, passant par le Parc et l’Eglise est alors envisagé. Nécessitant moins de terrains à acheter, il serait moins coûteux pour la commune. Tout le monde au Conseil Municipal, ou presque, est d’accord pour adopter ce nouveau tracé. Le Préfet donne son approbation et les travaux peuvent commencer. On est en 1862.

C’est alors que le comte de Barbantane et une autre propriétaire de terrains riverains du tracé abandonné, Mme Armand, proposent de céder gratuitement des parcelles de terrain, si le chemin passe par les Saugeys, tout près de leurs propriétés. Il y a alors revirement du Conseil Municipal qui ne reste pas indifférent à la perspective d’une économie à réaliser. La proposition est acceptée. Malgré quelques tracasseries, dues au non respect des conditions de cession qui devaient accompagner l’offre du compte de Barbantane, et au refus de la commune de Sennecé d’ouvrir ce chemin sur son territoire, le chemin d’intérêt commun n ° 3, finit par voir le jour. De « chemin d’intérêt commun », il est devenu un axe essentiel. C’est aujourd’hui la RD 103 qui traverse la commune.

 

Le Centre Bourg

Mairie, église, salle des fêtes, bibliothèque, salle des sports, l’addition de bâtiments communaux fait du centre bourg un cœur qui bat au rythme des évènements de la vie de chaque jour. Le premier bâtiment que l’on aperçoit en arrivant par la route de Sennecé, côté sud, est la façade de la mairie, ancienne école, en pierres de taille, avec sa grosse horloge, qui marque encore le temps pour les habitants du bourg.

L’école ? On a commencé d’en parler en 1791, lorsque l’assemblée constituante jette les bases de l’enseignement public en France. Quatre ans plus tard, la première école primaire est établie à Sennecé, dans les locaux de l’ancienne cure. Sabots aux pieds, les enfants de Sancé ont parcouru la distance entre les deux communes jusqu’en 1831.

La rentrée 1831 se fera dans la première école primaire communale. Elle est construite à la Besace, face au « château de Lapalus » (rue de la Fontaine). Elle fonctionnera jusqu’en 1837. C’est alors que le Conseil Municipal commence à parler d’un bâtiment qui pourrait abriter à la fois la mairie et l’école, et achète une maison au Puits Senailler.

En 1838, élèves et instituteur déménagent de la Besace pour prendre possession de la nouvelle école au Puits Senailler. Cette dernière sera plusieurs fois remise en cause parce qu’elle est devenue trop petite, il y a des réparations à faire et elle n’est pas au centre de la commune. Néanmoins elle remplira sa fonction pendant 46 ans. Entre temps, l’idée avait été avancée, et presque aussitôt abandonnée, de déplacer l’école dans la maison « Duvernay » (l’actuel bar-tabac à l’angle de la rue du Bourg et de la RD 103).

C’est au final sous l’instigation de la loi Jules Ferry (16 juin 1881) que le projet de la construction de l’école-mairie au Centre Bourg (actuelle mairie) est ébauché. Il est accepté en février 1882 et la rentrée de 1884 se fait dans des bâtiments neufs. Le rez-de-chaussée sera aménagé pour accueillir l’école et la mairie. Au centre une salle servira aux réunions du Conseil. Les ailes serviront de salles de classe, l’une pour les filles, l’autre pour les garçons. Il en sera ainsi jusqu’en 1987, année de mise en service du groupe scolaire, clair et spacieux que l’on connaît aujourd’hui. Mais la vocation d’enseignement public ne devait pas s’éteindre totalement, puisque l’école de musique municipale occupe encore une salle de cours.

 

L’église a pendant longtemps été le « siège administratif » de la commune.

Mariages, baptêmes, décès, angélus, glas, du haut de son clocher l’église veille sur la commune, signalant les évènements, heureux ou malheureux, qui font la vie de tous les instants. De style roman, la partie qui coiffe la nef centrale de l’église St-Paul, a été construite à la fin du 12ème siècle par la Communauté d’Ainay, près de Lyon. Elle a donné naissance à la paroisse « Sanciacus », peu à peu devenue Sancé.

Choisie comme lieu de sépulture par Jacques Maréschal, seigneur du Parc de Sancé, pour y recevoir les dépouilles de sa famille, c’est lui qui fit édifier au 16ème siècle la chapelle, de style gothique, dédiée à Notre-Dame de Lorette, ajoutée sur le flanc sud de l’église. Sa pierre tombale, classée antiquité historique, est aujourd’hui dressée contre le mur de la chapelle. Elle porte les traces des coups de pioche qui ont profané le tombeau pendant la révolution. Le presbytère, actuel restaurant scolaire, a été acheté en 1818 pour loger le curé.
De nombreux prêtres se succèdent à la cure, qui sous l’ancien régime occupait une place prépondérante dans l’administration de la paroisse. Le curé tient alors l’état civil où il enregistre les sacrements de baptême, de mariage et de sépulture. C’était en quelque sorte les balbutiements de l’acte civil moderne. Il est aussi seul habilité à sonner la cloche pour appeler la communauté des habitants à se réunir pour délibérer. Cette assemblée, qui se réunissait devant la grande porte de l’église, à l’issue de la messe dominicale, gérait et administrait les intérêts du patrimoine communautaire.

La cloche a elle aussi son histoire. Elle date du 13ème siècle. Elle est refondue à trois reprises, en 1305, en 1555, puis de nouveau en 1622.
En 1798, pendant la révolution l’église est fermée et la cloche, qui portait les armoiries de Jacques Maréschal, est brisée. Mais elle restera sur son berceau et continuera à remplir son office, rendant des sons fêlés pendant plus de 30 ans. Les paroissiens craignent à tout moment l’écroulement du clocher en mauvais état. Il faut attendre 1833, pour qu’une nouvelle cloche de près de 400 kg prenne la place de l’ancienne. Coulés dans le bronze on peut encore y lire le nom du maire et des conseillers municipaux d’alors. C’est la même qui aujourd’hui sonne l’angélus et signale les évènements familiaux heureux ou malheureux.

 

Chatenay

 

Un passé agricole récent a laissé place à une vie trépidante.

Une forêt de châtaigniers qui recouvrait, au XIème siècle, la partie nord de Sancé, vers le quartier des Belouses, serait à l’origine de l’appellation « Chatenay ».

A cette forêt est d’ailleurs attaché ce qui, dans les annales historiques officielles, est appelé « le drame de Chatenay ». En 1032, alors que la famine et la misère régnaient dans les campagnes, un anthropophage qui tenait une auberge attirait les voyageurs pour les tuer et se nourrir de leur chair.

Le château, édifié pendant la seconde moitié du XVIème siècle par Jean Bernard, Seigneur de Chatenay, dresse encore ses toits pointus. Pont-levis, fossé et jardins à la française qui l’entouraient, ont aujourd’hui disparu.

En 1974, le château et 75 hectares de terrains qui l’entourent, sont vendus comme bien national. Plusieurs propriétaires s’y succèdent pendant tout le 19ème siècle.

Tout près de Chatenay, à la Mouche, une carrière aujourd’hui remblayée, serait à l’origine de la compagnie des sapeurs-pompiers qui a combattu les incendies de Sancé pendant plus de 80 ans.

Les archives municipales racontent en effet qu’en 1873, un entrepreneur exploitant la carrière de la Mouche demande au Conseil Municipal de l’époque de détourner le chemin vicinal n° 5, pour faciliter l’accès à sa carrière. Pour emporter l’adhésion des élus, il propose en contrepartie au Conseil Municipal, qui accepte, d’équiper entièrement une compagnie de 24 sapeurs-pompiers. C’est ainsi que la compagnie a vu le jour en 1874 pour être dissoute en 1955.

Aujourd’hui, regroupées autour du château, une dizaine de maisons aux murs épais, entourées de dépendances ou de jardinets témoignent de la vocation essentiellement agricole qui était celle de Chatenay il y a une quarantaine d’années. Les anciens se rappellent avec une pointe de nostalgie, de l’époque où Chatenay ressemblait à une grande famille qui se partageait l’exploitation des terrains agricoles composant alors le hameau. Et qui ne se souvient pas d’avoir dû laisser le passage à un troupeau qui rentrait à l’étable, rue de Chatenay ?

Peu à peu, les champs de céréales, les vignes et les prés ont cédé la place aux lotissements. Les terres à l’est du château ont accueilli celui du Grand Clos en 1974. C’était le premier. D’autres ont suivi, qui font du hameau un endroit tranquille où il fait bon vivre.

Source : Articles de Bernadette CLEMENCON, alors correspondante au Journal de Saône-et-Loire

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